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Où va la production bovine ?
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Selon le dernier dossier de l’Idele, on enregistre -2% de vaches laitières et -1,4% de vaches allaitantes. La décapitalisation se poursuit. Les marchés aux bestiaux s’inquiètent pour une production bovine durement et durablement touchée. Les prévisions sont pessimistes et l’urgence réelle pour a minima essayer de stabiliser la situation. Voici le communiqué complet de la FMBV
Où va la production bovine ? Communiqué de la FMBV
-2% de vaches laitières et -1,4% de vaches allaitantes. La décapitalisation se poursuit. En système allaitant, la baisse est un peu moins forte qu’en 2019, elle épargne le sud Massif Central mais est plus prononcée en Pays de la Loire, Saône-et-Loire et Pyrénées-Atlantiques. Les naissances restent par ailleurs plutôt stables, grâce à une meilleure fertilité, laissant présager un stock de broutards plus important en 2021 (source : Idele, dossier annuel bovins viande année 2020-perspectives 2021).
Des prévisions en forte baisse
 

En région Centre, Clément BOUBAL, Président du marché de Sancoins s’attend à une baisse de 30% du cheptel dans les années à venir. A Moulins-Engilbert, la Sicafome travaille en prévoyant 50% de baisse du cheptel bovin sur la zone de chalandise du marché d’ici 2030 (Nièvre et départements limitrophes). Les éleveurs de 45-55 ans commencent déjà à diminuer le nombre de vaches en prévision de la retraite. On compte aujourd’hui 1 installation pour 7-8 départs. Sébastien SUIRE, responsable du foirail de Lezay confirme : « les éleveurs se séparent du cheptel plus tôt pour réinvestir dans tout autre chose car ils savent que ce sera plus facile de céder l’exploitation et qu’ils ne perdront pas forcément en revenus sur les 10 années qu’il leur reste à faire ».

Sur les Pays de la Loire, le constat est identique et sans appel, et ce n'est pas d'hier : le monde de la production bovine va mal. Le commerce devenu dernièrement atone en broutards vient donner un autre coup de semonce à l'élevage qui souffre depuis les années 2000. Stéphane BROCHARD, directeur du foirail de Cholet : « Les apports du marché de Cholet régressent depuis 2000 à la même vitesse que l'élevage local. 3 à 4 élevages arrêtent l’activité dans chaque commune sur le secteur. Il y a encore quelques cheptels qui grossissent fortement mais ça ne suffit pas. »
Côté négociants, l’inquiétude est vive également. « A Cholet, seuls quelques opérateurs sont optimistes. Les commerçants plutôt âgés arrivent toujours à travailler. Ceux qui sont contractualisés en lien avec les abattoirs semblent plutôt confiants même si le prix des concentrés augmente fortement en ce moment. En revanche, dans les jeunes, éleveurs comme commerçants, la production vient à manquer ; les achats en campagne sont compliqués surtout en broutards qui sont de 100 € à 150 €/pièce moins chers que l'an dernier. La production ne fait plus rêver les jeunes ; les banques ne prêtent pas d'argent à un jeune pour s’installer ou pour une reprise de cheptel, sinon de trouver parallèlement un salaire pour un travail équivalent à 30h/sem. Donc depuis quelques temps, ce sont des commerçants eux-mêmes qui financent des bovins pour leurs jeunes éleveurs et la nourriture. »

Davantage de vaches maigres sur les marchés
 

En complément des difficultés de renouvellement des générations, les conditions climatiques accentuent les tensions et mettent à mal les trésoreries. Les agriculteurs labourent dès que possible. Après plusieurs sécheresses consécutives et des prix plus élevés de l’aliment, ils recherchent tous l’autonomie fourragère. Les éleveurs se risquent de moins en moins à finir leurs animaux dans un contexte de disponibilités fourragères limitées et de prix incertains sur les animaux gras.

Bruno DEBRAY, responsable du foirail de Chateaubriant s’inquiète également : « On n’aura bientôt plus les moyens d’assurer notre production. Et les conditions d’exportation après l’entrée en vigueur de la LSA au 21 avril ne vont certainement pas arranger les choses. »

Le prix du broutard, un désastre en deux temps
 

Le prix est également déterminant. Les cours des mâles sont très bas, sans réelle perspective de remontée. Pour Martial TARDIVON, Directeur à la Sicafome : « L’impact est très fort, à la fois sur les trésoreries mais également sur le moral des exploitants. Même si le prix des laitonnes reste satisfaisant, le cours du broutard reste LA référence incontournable. C’est un désastre à court terme et à long terme. Et en même temps, je ne suis pas sûr que si les prix étaient bons, cela encouragerait les éleveurs à continuer. Il y a une vraie lassitude dans les exploitations. La production bovine est en train de vivre ce que la production ovine a connu il y a 20 ans ».

Quelles perspectives ?
 

Pour Alain BRETEAUDEAU, Président de la FMBV, l’urgence est claire depuis longtemps. Encore une fois, l’exemple du cheptel ovin devrait nous alerter. La production a drastiquement diminué il y a 20 ans ; les effets ont peut-être été longs à se faire sentir mais aujourd’hui c’est le milieu de filière qui souffre. Pas d’exception pour la filière bovine : tous les maillons finiront par être impactés, et au-delà nos territoires, la vie rurale. La FNB parle d’un « plan social » : le mot est fort mais terriblement juste. « Les marchés sont au service des producteurs, ils s’adaptent aux besoins – production de cotations, démarche qualité, garantie des paiements, vente par vidéo. Nous restons évidemment à l’écoute mais il faut une mobilisation collective pour ralentir ce déclin et donner à nos éleveurs les moyens de vivre décemment de leur métier ».

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